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· Oct 26, 2022 5m de lecture

L'ère de la norme FHIR : pourquoi FHIR devrait vous intéresser ?

Ces dernières années, l'émergence de la norme FHIR (Fast Healthcare Interoperability Resources) a suscité un enthousiasme croissant parmi les experts en informatique médicale du monde entier. Cette tendance n'est pas juste une autre itération des normes et de la technologie. Elle a le potentiel de transformer et révolutionner l'ensemble du secteur. Il est donc nécessaire de la rendre accessible au plus grand nombre, pour qu’elle ne se cantonne pas au domaine technique, mais soit adoptée par les décideurs et leaders d'opinion. Si SantExpo 2022 a déjà dévoilé de grands progrès à cet égard, nous devons aller encore plus loin.

L'ère de la norme FHIR : pourquoi FHIR devrait vous intéresser ?

FHIR face au défi d’interopérabilité du système de santé actuel

Beaucoup d'entre nous se sont habitués à certaines pratiques en matière de données de santé et d’interopérabilité, en raison d’années de travail avec les précédentes générations de normes et de technologies - notamment HL7 V2.  Mais, que ce soit au niveau des établissements de soins ou des éditeurs de logiciels santé, il est communément admis que les intégrations entre différents systèmes d’information génèrent un bon nombre de défis.

  • Ralentissement des déploiements dans la mesure où les éditeurs (parfois concurrents) sont souvent obligés d’échanger des informations et collaborer pour concevoir, implémenter et tester ces intégrations.
  • Dépendance vis à vis des éditeurs, qui peut conduire à des « guerres de territoire » dans lesquelles les utilisateurs finaux n’ont que peu d’influence et qui alimente l’activité lucrative des connecteurs.
  • Création d’une architecture n-to-n complexe à maintenir et généralement peu efficiente relative au volume de données qui transitent.

Au-delà des interfaces standards (eg identité/mouvement), certaines intégrations sont très customisées et peuvent entrainer des risques, notamment pour la sécurité des patients voire des ruptures de prise en charge, et de ce fait ne dépassent souvent pas l’état d’ébauche. Au-delà des conséquences financières évidentes, ces points de tension impactent en premier lieu les utilisateurs finaux (médecins, infirmières, etc.) en complexifiant les processus de prise en charge des patients. De plus, les start-ups ou les nouveaux entrants sur le marché se trouvent confrontés à ces barrières difficilement franchissables. Les challenges de l'interopérabilité ont donc une forte responsabilité dans les difficultés rencontrées en matière de mise en œuvre, adoption et innovation numérique en santé.

FHIR ou la promesse d’un meilleur partage des données

Si FHIR a le potentiel de réduire considérablement les points sensibles actuels et d'introduire un nouveau paradigme en matière d'échange de données de santé, il y a toutefois une condition importante. Le FHIR doit être largement adopté ; et bien que ce soit le cas dans certaines parties du monde, la France en est encore aux premiers jours de son adaptation. En combinant les normes modernes et la technologie API contemporaine, le FHIR permettra un interfaçage beaucoup plus rapide, plus standard et plus transparent entre les différents systèmes d’information. On peut supposer que dans les années à venir, tous les logiciels santé adopteront la norme FHIR. Ainsi, les principaux DPI (Dossier Patient Informatisé) disposeront de leurs propres référentiels FHIR, les nouvelles applications cliniques destinées à traiter des secteurs niches ou des cas d'usage spécifiques seront natives FHIR, et la plupart des entrepôts de données de santé seront compatibles FHIR. Dans ce contexte, les intégrations seront plus rapides, transparentes et moins dépendantes des éditeurs car tous les systèmes parleront le même langage. L'efficacité en termes de flux de données sera également grandement améliorée, ce qui se traduira par de meilleures performances et une meilleure qualité des données. Les éditeurs se concentreront ainsi davantage sur le développement de logiciels innovants et les experts FHIR sur la gestion de l'interopérabilité.

Un standard qui se décline jusqu’au stockage des données

La conséquence la plus disruptive de l'adoption de FHIR pourrait bien être un nouveau paradigme concernant le stockage des données de santé. En effet, motivée par les besoins croissants d'analyse en temps réel, l'ambition de FHIR va au-delà de l'interopérabilité. Un entrepôt FHIR stocke les données cliniques, ce qui ouvre beaucoup de nouvelles possibilités d'applications. Il est vrai que l'utilisation de FHIR comme modèle de données est une décision en soi et dispose de ses avantages et inconvénients. Elle nécessite aussi les outils appropriés pour exploiter cet entrepôt au format documentaire. Le stockage FHIR des données cliniques répondra au besoin croissant de partage des données puisqu'il marie les concepts de base de données et d'échange de données. Nous constatons aujourd'hui la multiplication d’entrepôts de données de santé: à l'hôpital, entre hôpitaux (GHT, régions ou consortiums), dans les entreprises comme l'industrie pharmaceutique (recherche de nouveaux médicaments, données de vie réelle) ou encore les assurances, les institutions, les agences gouvernementales, et bien d'autres encore. Pour des raisons de recherche scientifique il faut pouvoir permettre un partage aisé des données de santé entre ces référentiels. Et c'est également une évidence en matière d’Intelligence Artificielle et de Machine Learning, où les chercheurs ont régulièrement besoin de nouvelles données pour améliorer leurs modèles.

Une évolution qui doit s’inscrire dans la durée

Une telle transition se fera sur plusieurs années et de nombreux des défis devront être relever en cours de route.

  • Il faudra du temps et de l'énergie pour interpréter et adopter FHIR. Heureusement, il existe une documentation et des prestataires de services de plus en plus expérimentés.
  • Globalement, nous continuerons à être confronté à des limitations qui nécessiteront un retour à la communauté HL7 FHIR pour des développements futurs, comme par exemple sur le stockage des données.
  • La coexistence des anciens et des nouveaux formats peut rendre les choses complexes - heureusement, il existe des outils et des technologies pour nous accompagner.  

Bien que personne ne sache à quelle vitesse cette transition s’opérera, il est intéressant de noter que plus de 80 % des hôpitaux américains ont déjà adopté FHIR en 2019. Nous observons également un nombre croissant de start-ups ou de nouveaux logiciels qui choisissent de se lancer en utilisant nativement FHIR dans leurs applications. Alors en conclusion, nous devons continuer, éditeurs, chercheurs, utilisateurs finaux, à faire pression pour que les décideurs adoptent une position plus importante et plus audacieuse sur le sujet et fassent massivement le choix  de ce langage commun porteur d’innovation pour le secteur de la santé.

Allez à la publication initiale écrit par Nicolas Eiferman, Directeur Général France d’InterSystems

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